L’art d’être consultant : entre exigence de recul et obsession du concret
Le mot consultant suscite autant de fascination que de scepticisme. Tour à tour perçu comme expert éclairé, facilitateur du changement ou porteur de PowerPoint verbeux, le consultant cristallise les attentes – et parfois les désillusions – des dirigeants comme des équipes.
Mais derrière les caricatures, être consultant est un métier. Un vrai. Un métier exigeant, à la croisée du savoir, du savoir-être, de l’écoute active et de la stratégie opérationnelle. Un métier qui s’apprend, se cultive, se remet sans cesse en question.
Le consultant est avant tout un tiers actif. Il ne se substitue ni au dirigeant ni aux équipes, mais il interroge, éclaire, structure et provoque. Sa légitimité vient de son expérience, de sa capacité à poser les bonnes questions au bon moment, de sa posture d’écoute et de recadrage, ainsi que de son apport méthodologique et stratégique. Il n’impose pas, il accompagne un cheminement dans le respect du contexte et des objectifs réels du client.
Le savoir technique ne suffit pas. Le bon consultant se distingue par sa posture : curiosité bienveillante, assertivité respectueuse, neutralité active, esprit de synthèse, capacité à dire non. Être consultant, c’est accepter de déranger, de poser les questions que personne n’ose formuler, mais de le faire avec tact, humilité et impact.
La force du consultant repose sur sa capacité à rendre ses idées opérantes. Il doit structurer une démarche, délivrer des livrables clairs et exploitables, passer du diagnostic à la recommandation, puis à l’accompagnement de la mise en œuvre. Dans un monde pressé, le consultant doit accélérer la prise de décision sans sacrifier la rigueur de l’analyse.
Le bon consultant ne vend pas une solution toute faite. Il conçoit une réponse adaptée à la culture, aux enjeux et aux ressources de l’organisation. Il sait adapter les méthodes au terrain, simplifier le complexe, et ne pas confondre outil et solution. Son rôle est souvent de faire émerger les bonnes réponses en interne, en donnant du sens, de la lisibilité et de la confiance.
Un bon consultant vise à rendre son client autonome. Il ne crée pas de dépendance, il transmet, il forme, il provoque des déclics. Il sait se retirer au bon moment. La clé, c’est une relation fondée sur la confiance, la transparence, et le respect mutuel.
Loin des caricatures du consultant PowerPoint, le consultant d’aujourd’hui est un artisan du changement, qui manie autant les outils que le dialogue, autant la data que la dynamique humaine. Il n’est ni un sauveur, ni un exécutant. Il est un accélérateur de lucidité et d’action, au service de ses clients.
Et s’il fallait résumer son art en une phrase, ce serait peut-être celle-ci : un bon consultant, ce n’est pas celui qui a toutes les réponses, mais celui qui aide ses clients à poser les bonnes questions.