L’évolution du marché du conseil : vers un repositionnement stratégique des acteurs

Le marché du conseil est en pleine mutation. Longtemps perçu comme le domaine réservé de cabinets généralistes intervenant auprès des grands comptes, il s’est progressivement ouvert à de nouveaux acteurs, à de nouveaux modèles économiques, et à des attentes client profondément renouvelées. Loin de se réduire à une simple question d’offre et de demande, cette évolution engage une redéfinition du rôle même du consultant dans un monde en transformation rapide.





1. Une diversification des besoins des entreprises



Face à des environnements économiques incertains, des transitions multiples (écologique, numérique, réglementaire, sociale) et une pénurie persistante de compétences, les entreprises recherchent dans le conseil :


  • de la réactivité,
  • de la lisibilité des livrables,
  • et une capacité à co-construire des solutions activables.



Le conseil « powerpointé », à forte intensité analytique mais à faible taux d’appropriation, est progressivement remis en question. Les entreprises attendent désormais du conseil de proximité, orienté résultat et transfert de compétences, avec une utilité immédiate.





2. Un marché qui se fragmente… tout en se concentrant



Le marché voit émerger plusieurs types d’acteurs :


  • Les grands cabinets (McKinsey, BCG, EY, PwC, etc.) conservent une position dominante sur les appels d’offres publics et les projets stratégiques globaux.
  • Les cabinets de taille intermédiaire se spécialisent sur des filières (santé, industrie, numérique, RH) ou des types de missions (transformation, qualité, cybersécurité…).
  • Une myriade d’indépendants ou de micro-cabinets proposent une expertise ciblée, plus souple, plus accessible, et parfois plus en prise avec le terrain.



Cette recomposition s’accompagne de regroupements, de rachat de cabinets spécialisés et de plateformes de mise en relation entre experts indépendants et clients (Malt, Comatch, LittleBig Connection…), ce qui redéfinit la logique d’accès au marché.





3. Une exigence accrue de mesure d’impact



Les entreprises ne veulent plus seulement “acheter du conseil”, mais obtenir des résultats tangibles. L’époque où l’on achetait des jours/homme est révolue : la demande se structure autour de projets à engagement de résultats, de coaching opérationnel, et d’indicateurs d’efficacité (ROI, adoption, transformation réelle des pratiques…).


Les cabinets sont donc appelés à renforcer leurs capacités :


  • de diagnostic stratégique rapide,
  • de production de solutions concrètes,
  • et de formation des équipes internes pour pérenniser l’impact.






4. Une pression croissante sur les modèles économiques



La hausse des coûts de structure, la pression sur les prix, la montée en puissance du freelancing, et les exigences de transparence des clients poussent les acteurs du conseil à :


  • repenser leurs marges et leur valeur ajoutée réelle,
  • adapter leurs modes de facturation (forfaits, success fees, abonnements…),
  • et développer une offre hybride entre conseil, accompagnement, formation et facilitation.






5. Les grandes tendances à horizon 2025



  • L’essor du conseil augmenté : IA générative, outils collaboratifs, automatisation du reporting, visualisation de données en temps réel.
  • La montée des enjeux ESG (environnement, social, gouvernance) dans les missions de transformation.
  • Le développement d’une logique de partenariat plus que de prestation ponctuelle.
  • L’exigence éthique et la transparence renforcée, en réponse à plusieurs scandales récents liés à l’opacité de certains grands cabinets.





Conclusion


Le conseil reste un levier stratégique incontournable, mais son rôle évolue : moins expert omniscient, plus catalyseur, facilitateur, et sparring-partner du changement. Dans ce nouveau paysage, les acteurs capables de faire la preuve de leur utilité concrète, de travailler en mode agile et de co-construire avec les équipes clientes tireront leur épingle du jeu.